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Publié le par toure zeguen

 

La trêve sociale du renard


A coté de la régression politique dont je parlais dans un précédent papier, il y a la régression économique. Je m’indignais d’être citoyen, au 21eme siècle, d’un Etat dont le dirigeant s’accommode d’une dictature obsolète et de détenir des prisonniers politiques dans des goulags. Et pourtant, il y a pire. Non au sens d’une classification classique, mais au sens ou, sur le plan économique, c’est de Dramane Ouattara que nous devrions attendre le plus. On pouvait comprendre que Laurent Gbagbo qui est un homme politique de métier, ait eu beaucoup de scrupules à s’encombrer de prisonniers politiques. Qu’il ait compris, qu’avec un opposant mieux valait discuter que d’enfermer. Et qu’avec le warifatchè, l’homme qui est né avec les formules économiques dans la tête, nous devrions vivre et sentir la croissance économique. Non seulement il nous fera honte constamment par la cruauté d’une dictature désuète mais en plus il nous servira pire que ce qu’on était en droit d’attendre de lui sur le plan économique. Il fut un temps ou, ceux d’en face moquaient Laurent Gbagbo pour avoir classé la Cote d’ivoire parmi les pays pauvres très endettés. Les slogans de campagne s’en sont tellement imprégnés qu’on en avait mauvais conscience. Nous nous étions mis à rêver, à notre corps défendant, que le bravetchè vienne nous débarrasser de ce concept déshonorant. Nous étions loin de penser que nous le serions encore plus sous l’économiste. Premièrement, le point d’achèvement de l’initiative PPTE qui était un acquis dès le premier trimestre de 2011, pour récompenser les prouesses économique de l’historien Laurent Gbagbo, va prendre un an et demi de retard avec le pouvoir du prétendu économiste. Les institutions financières, après une pléthore de menaces de suspensions leurs accords face aux contre-performances de leur poulain viendront bientôt nous accorder la coquille vide de l’initiative PPTE pour ne pas avoir eux-mêmes honte d’avoir soutenu quelqu’un qui n’en valait pas la peine. Deuxio, et c’est pour cela que cette initiative sera une coquille vide, il ne sera plus question de financer tous les programmes de lutte contre la pauvreté concoctés par le gouvernement de Laurent Gbagbo, mais de rembourser les institutions financières privées qui ne sont pas concernées par l’élargissement de la banque mondiale et du FMI et auprès de qui Ouattara s’est déjà endetté à hauteur de ce qu’on pouvait attendre du PPTE. En clair, on n’aura rien. Cela veut dire qu’on ne cessera pas de payer le service de la dette sur ce qu’on a cessé de produire. Les syndicalistes à qui on demande une trêve sociale après un an de gouvernance à vue, doivent comprendre une seule chose : le régime est dans une fuite en avant ! Et il ne vivra, comme le renard, qu’aux crochets de ceux qui l’écoutent.

Joseph Marat

 

Les prisonniers politiques


Nous avons énormément régressé dans la vie politique en Côte d’Ivoire. Oui ! il n’y pas qu’en politique que nous ayons régressé. En attendant de revenir sur toutes les régressions que nous impose le régime de Dramane Ouattara, je voudrais m’appesantir sur une situation politiquement dépassée à laquelle on est en passe de s’accommoder en Côte d’Ivoire. Avant Dramane Ouattara, nous avons connu le régime d’Houphouët Boigny, ensuite celui de Henry Konan Bédié, Robert Guei, et enfin de Laurent Gbagbo. Tous ces régimes différents les uns des autres nous ont donné comme une tradition ou une culture qui traverse les générations politiques, le respect, dans une certaine mesure, de la dignité de nos concitoyens. Avec le temps, les Ivoiriens ont commencé à comprendre que malgré nos divergences politiques qui peuvent émaner de nos diversités culturelles, nous formons une unité indivisible de frères. En le disant, d’aucuns croiraient que nous voulons donner dans le sentimentalisme pour amadouer un régime cruel. Non, notre démarche relève d’un constat qui refuse d’être un appel à la compromission. Parce que je suis convaincu, qu’on peut être humain en politique sans se compromettre. Au début des indépendances, on a pu mettre la fermeté politique et toutes les violations des droits de l’homme sur le compte de toutes les velléités de sécession, quelque fois à caractère tribale qui secouaient la frêle nation qui venait de naitre. Sans donner un quitus aux méthodes sauvages qui ont accompagné la répression du président Houphouët, on pouvait toujours comprendre qu’il a fallu une certaine dose de fermeté pour asseoir la nation ivoirienne. On pouvait d’autant plus comprendre cela que le président Houphouët, une fois que de la Cote d’Ivoire s’est consolidée dans la réalité d’une communauté ivoirienne distincte, ne s’est jamais accommodé à l’idée d’avoir un prisonnier politique. Il n’aimait certainement pas l’adversité politique, mais il respectait ses opposants politiques. De lui malgré tout ce qu’on a pu imaginer d’atroce, son opposant historique Laurent Gbagbo a retenu cette expression célèbre : « Hélas, tu me ressembles ! ». La ressemblance de l’amour que les deux portaient pour leur pays. Après cet épisode, les ivoiriens ont connu le régime de Konan Bédié, celui de robert Guei et de Laurent Gbagbo. Sous aucun de ces régimes on n’a parlé de prisonniers politiques malmenés dans des goulags. Ces hommes politiques ont compris qu’au-delà de tout ce qui pouvait les diviser, il y a l’amour d’une nation qui les unit quelque part et qui les force au respect mutuel. On ne peut pas aimer un peuple et indigner ses fils au delà du nécessaire. Nous ne nous souvenons plus dans quel pays en Afrique un dirigeant politique s’accommode d’avoir des prisonniers politiques. Depuis la libération de Nelson Mandela, il n’y a que Dramane Ouattara qui se plait d’avoir emprisonné un chef de parti politique, des députés de la nation, des journalistes, et de simples citoyens pour leurs opinions… Même la junte militaire Birmane trouve cela démodé. Mais que voulez-vous ? Sommes-nous encore une nation souveraine, une communauté soudée par la tradition ?

Joseph Marat

Confusion

Quelqu’un que j’ai beaucoup écouté, avait dit, dans l’une de ses réflexions politiques qui sonnent comme des prophéties politiques : « quand la case de ton voisin brule, aide le sincèrement a éteindre le feu. Sans quoi, les flammes, en se répandant, peuvent emporter la sienne.» Pour avoir louvoyé avec la crise ivoirienne, la CEDEAO est aujourd’hui prise dans la tourmente de ses propres turpitudes avec le coup d’Etat en Guinée Bissau et ce qu’on n’arrive plus à qualifier au Mali. On n’a jamais entendu un président en exercice de cette organisation dire ceci : « aucune de nos dispositions ne saurait être dévoyée ou travestie et l’autorité du pouvoir civil doit être renforcée et affirmée ». Après avoir martelé ainsi à la table du sommet de la Cedeao le 22 avril dernier à l’Hôtel Ivoire, Dramane Ouattara a refilé la patate chaude à Blaise Compaoré pour se rendre en France, tenter le sauvetage de son ami Sarkozy au moment ou la confusion se renforce au Mali et en Guinée Bissau. Dans ce dernier pays, malgré toutes les élucubrations de la CEDEAO et de la communauté dite internationale, la junte militaire n’est toujours pas inquiétée. A croire que c’est un coup d’Etat sur commande. Au Mali, pareil. Les commanditaires des putschs en Afrique ont, une fois encore, préféré un pantin malléable à souhait qu’un démocrate sorti des urnes de son pays. Sauf qu’ici, nous avons nettement l’impression que dans cette période de transition politique en France, les boules du jeu échappent au prestidigitateur. Au Mali, le coup d’Etat s’est mué en un pouvoir civil avec un accord truffé de mauvaises fois apparentes des putschistes. Après avoir accaparé tous les ministères de souveraineté, ils opposent à la CEDEAO l’ordre constitutionnel dont elle avait réclamé le retour : deux mois au lieu d’un an selon les recommandations de Dramane Ouattara. Avec lui, même quand la constitution sauve d’un péril, on n’est pas prêt à la respecter. Sur ces entrefaits ponctués de chantages politiques exercés par Compaoré qui refuse de recevoir la délégation de la junte tant qu’elle n’a pas fait suite aux exigences de la Cedeao, le Mali s’est réveillé, le premier mai, sous des tirs nourris à armes lourdes. Les frustrés de l’armée loyaliste fidèle à ATT veulent leur part de gâteau. Là ou le casse tête devient chinois et même improbable pour un savant de la NASA et pour un ancien patron de mission de paix de l’Onu en Cote d’Ivoire, c’est la réponse à cette question : comment arrive-t-on à refaire l’intégrité d’un territoire coupé en deux par au minimum deux rebellions nordistes, si on n’arrive pas à asseoir un pouvoir central ? « Il ne faut pas, dit le président tchadien, que le Mali devienne comme le Soudan qui ne connaît toujours pas la paix malgré la scission. » Vœux pieux d’Idriss Debi.

Joseph Marat

Repassez après cinq ans pour les doléances


Dramane Ouattara n’était pas là hier à la fête du travail du premier mai. Y a-t-il un mal particulier qui le saisit chaque fois à l’approche de cette fête ? L’année passée aussi il a fait un faux bond aux travailleurs qui sont restés sans interlocuteurs avec leur pile de doléances. Cette année, Il a pris soin, la veille de la fête des travailleurs de prendre un avion pour la France où officiellement il effectue une visite privée. Et surtout, où, son ami Nicolas Sarkozy organise à la place du Trocadéro une fête pour les “vrais travailleurs”. La discrimination n’a pas de frontières. Un pied de nez à tous ces misérables, sans emploi qui vivent des allocations, fruits du travail vrai des autres. Sous les tropiques cela ne risque même pas d’arriver. On n’a pas fini de payer les travailleurs qui sont d’ailleurs “en voie de disparition“. Les chômeurs ne peuvent même pas espérer un centime pour leur désespérance et leur démographie galopante. En fait, sous les tropiques, il faut plutôt parler de la fête du chômage. Et Dramane Ouattara qui, depuis deux ans, marque chaque fois son absence à cette occasion, n’a pas tort. Il n’a pas envie d’écouter les jérémiades des gens qui veulent «travailler» alors que tout est fait pour qu’ils célèbrent plutôt le chômage. La véritable fête du travail c’est à la place du Trocadéro et non ici. L à bas, Sarkozy a invité tous ses partisans à un grand meeting pour l’aider à rempiler en dénonçant tous les privilèges qu’on accorde à des gens qui ne travaillent pas parce qu’ils ne veulent certainement pas travailler. Depuis que le militant a répondu à l’appel du leader charismatique laissant les soi-disant travailleurs ivoiriens à leur sort, les mauvaises langues ne cessent de médire. Il serait allé avec une mallette de 500 bâtons pour se faire pardonner sa petite trahison. Il aurait douté du succès final du guide éclairé de la françafrique et aurait osé faire la cour à l’adversaire socialiste. Un simple coup de fil n’aurait pas suffi. Dans certaines traditions, un tel crime de lèse majesté vaut le sacrifice de plusieurs moutons. A une échelle moderne, on a certainement transmis le message qu’un meeting à la place Trocadéro pour exorciser tous les démons de la défaite électorale vaut bien un déplacement et une serviette bien pleine.

Joseph Marat

 

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