DOSSIER Michel Gbagbo, le captif de Bouna

Publié le par toure zeguen

Michel GBAGBO
LE CAPTIF DE BOUNA
Un citoyen français dans les Geoles de OUATTARA
Maître Habiba TOURE – Maître Serge MOMMY GBE
JUILLET 2012
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INTRODUCTION
A la suite d’une élection présidentielle contestée, les deux protagonistes, le Président sortant
Monsieur Laurent GBAGBO et son concurrent, Monsieur Alassane OUATTARA, ne
réussirent pas à surmonter leur différend qui dégénéra en une véritable guerre.
La Côte d’Ivoire dut alors vivre une guerre opposant d’une part, les forces loyalistes de
défense et de sécurité de Côte d’Ivoire et, d’autre part, les forces rebelles sous l’autorité de
Monsieur Guillaume SORO, lequel, avec ses hommes, s’étaient ralliés à Monsieur
OUATTARA pour constituer ce qu’il est convenu d’appeler « les forces pro-Ouattara ».
I. LES FORCES PRO-OUATTARA
Les hostilités débutèrent par l’intervention d’une faction des forces rebelles, se faisant appeler
« Commando Invisible ».
A. LE COMMANDO INVISIBLE
Le début du conflit « électoral » fut marqué par des actes terroristes perpétrés à Abidjan, sur
des populations civiles considérées comme Pro-GBAGBO.
En effet, un groupe de rebelles se faisant appeler « Commando Invisible » égorgeait et brulait
vifs des civils.
A la tête du « Commando Invisible » se trouvait Monsieur Ibrahim COULIBALY dit
« Général IB » qui se trouve être l’ex-garde du corps d’Alassane OUATTARA.
Le « Commando invisible » installait son fief à ABOBO, commune d’Abidjan et, dépourvu de
signes extérieurs apparents, ce commando arrivait à se fondre dans la population rendant le
travail des forces de l’ordre extrêmement difficile voire impossible.
Amnesty International, dans son rapport de Mai 2011, a d’ailleurs dénoncé les atteintes
graves aux droits humains commis par ce groupe armé.
B. LES FORCES REPUBLICAINES DE COTE D’IVOIRE (FRCI )
En outre, par une prétendue Ordonnance en date du 17 mars 2011, Alassane OUATTARA
créait les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) composée essentiellement des forces
rebelles, rebaptisées Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN).
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Auparavant, bien avant qu’elles ne furent refondues FRCI, ces forces (FAFN) avaient une
existence effective et menaient un certain nombre d’attaques contre les populations civiles dès
le début de l’année 2011.
L’organisation Human Rights Watch dénoncera d’ailleurs les exactions commises par les
FAFN en ces termes :
« Le schéma d’exactions observé tout d’abord lors de l’offensive militaire des Forces
républicaines dans l’Ouest s’est poursuivi lorsque celles-ci ont pris le contrôle
d’Abidjan en avril et se sont lancées à la recherche d’armes et de miliciens …
Parfois lors d’opérations systématiques et organisées, parfois par simple revanche, les
Forces républicaines ont entamé des représailles collectives à l’encontre de jeunes
hommes appartenant à des groupes ethniques associés à Laurent Gbagbo—commettant
des exécutions extrajudiciaires dans les quartiers et les sites de détention, et faisant
subir à de très nombreuses personnes un traitement inhumain parfois assimilable à de
la torture. »1.
Etant observé que ces attaques étaient menées par des commandants de zone sous l’autorité
directe de Monsieur Guillaume SORO, alors Premier Ministre et Ministre de la Défense du
Gouvernement parallèle de Monsieur Alassane OUATTARA, et sous l’autorité indirecte de
ce dernier.
Les principaux commandants de zone, à la tête des forces Pro-Ouattara sont :
§ Morou OUATTARA alias « Atchengué » en charge de l’unité militaire appelée
« Atchengué », contrôlant la Zone de Bouna (Côte d’Ivoire) ;
§ Hervé Pélikan TOURE alias « Vetcho » ou « Che Guevara » en charge de l’unité
militaire appelée « Bataillon mystique », contrôlant la Zone de Katiola (Côte
d’Ivoire) ;
§ Ousmane CHERIF alias « Guépard » en charge de l’unité militaire appelée « Les
Guépard », contrôlant la Zone de Bouaké (Côte d’Ivoire) ;
Selon Human Rights Watch, « il était durant l’assaut final sur Abidjan, le chef des
opérations des Forces républicaines à Yopougon, où de nombreux partisans présumés
de Laurent Gbagbo ont été sommairement exécutés. D’après un soldat de sa «
compagnie Guépard », Chérif Ousmane aurait lui-même ordonné l’exécution de 29
prisonniers début mai. Longtemps commandant des Forces nouvelles à Bouaké, un
rapport de l’IRIN—service de nouvelles et d’analyses humanitaires—de 2004 indique
que celui-ci a supervisé des forces impliquées dans l’exécution sommaire de
mercenaires libériens et sierra-léonais.277 Le 3 août 2011, le Président Ouattara a
promu Chérif Ousmane au rang de commandant-en- second du Groupe de sécurité de
la présidence de la République »2.
§ Zoumana OUATTARA alias « Zoua » en charge de diverses unités militaires,
contrôlant la Zone de Mankono (Côte d’Ivoire) ;
1 Rapport de Human Rights Watch d’Octobre 2011, pages 105 et 106.
2 Ibid page 125.
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§ Issiaka OUATTARA alias « Wattao » en charge de l’unité militaire appelé
« Anaconda », contrôlant la Zone de Séguéla (Côte d’Ivoire) ;
§ Losseni FOFANA alias « Loss » en charge de l’unité militaire appelée « Cobra »,
contrôlant la Zone de Man (Côte d’Ivoire) ;
Human Rights Watch rapporte que « le 10 mars, Guillaume Soro l’a affublé du titre de
chef de la « pacification de l’extrême ouest », l’identifiant comme le supérieur du
capitaine Eddie Médi et le commandant en chef de l’offensive des Forces
républicaines dans l’ouest du pays. Également connu sous le diminutif de « Loss », il
a été le commandant de secteur des Forces nouvelles à Man. Des soldats sous son
commandement ont pris le contrôle de Duékoué le 29 mars au matin et joué un rôle
important dans le massacre de centaines de personnes dans le quartier Carrefour.
Aucune action sérieuse ne semble avoir été prise par Loss pour empêcher ces crimes
ou punir ceux qui en étaient responsables dans ses rangs. (…) D’après la presse
ivoirienne, il a été nommé vice-commandant d’une force d’élite ivoirienne appelée à
suivre une formation en France ».
§ Dramane TRAORE alias « Dramane Touba » en charge de diverses unités militaires,
contrôlant la Zone de Touba (Côte d’Ivoire) ;
§ Ousmane COULIBALY alias « Ben Laden » en charge de diverses unités militaires,
contrôlant la Zone d’Odienné (Côte d’Ivoire) ;
Longtemps commandant de secteur des Forces nouvelles à Odienné, Ousmane
Coulibaly a dirigé des soldats des Forces républicaines impliqués dans des actes de
torture et des exécutions sommaires dans le secteur Koweit de Yopougon. Ces
événements se sont déroulés sur plusieurs semaines, et aucune action ne semble avoir
été prise par Ousmane Coulibaly pour prévenir les crimes ou en punir les
responsables. À l’époque, Ousmane Coulibaly avait comme nom de guerre « Ben
Laden ». Il en changera le 20 juin 2011 pour devenir « Ben le sage ». Il demeure
encore aujourd’hui officier de commandement des FRCI.
§ Gaoussou KONE alias « Jah Gao » en charge de diverses unités militaires, contrôlant
la Zone de Boundiali – Tingrela (Côte d’Ivoire) ;
§ Martin Kouakou FOFIE alias « Fofié » en charge de l’unité militaire appelée
« Fansara 110 », le mot « fansara » signifiant « sans merci ». Monsieur FOFIE a sous
son commandement la Zone de Korogho (Côte d’Ivoire), et fait l’objet de sanctions de
la part des Nations-Unies.
C’est face à ces acteurs, auteurs des pires atrocités dans les zones sous leur contrôle, et
ce contexte qui s’annonçait extrêmement dangereux, qu’il convient d’examiner la
situation de Michel GBAGBO.
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II. PRESENTATION DE MICHEL GBAGBO
Michel Koudou GBAGBO est un citoyen français, né le 24 septembre 1969 à LYON.
Il est le fils du Président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Monsieur Laurent
GBAGBO et de Madame Jacqueline CHAMOIS, citoyenne française.
Michel GBAGBO est marié avec Madame Viviane DOUPKA, et est le père de 3 enfants.
Michel GBAGBO, n’a jamais été un leader politique dans le parti de son père, le Front
Populaire Ivoirien, ni dans aucun autre parti.
Il se consacrait essentiellement à son activité professionnelle d’Enseignant Chercheur en
psychologie à l’Université de COCODY à ABIDJAN en Côte d’Ivoire.
III. CONTEXTE DE LA CAPTURE DE MICHEL GBAGBO : LA CRISE
POSTELECTORALE
Comme déjà rappelé, à la suite des élections présidentielles d’Octobre 2010 en Côte d’Ivoire,
il est survenu un contentieux électoral entre les deux principaux candidats que sont le
Président sortant Laurent GBAGBO et Monsieur Alassane OUATTARA.
La Côte d’Ivoire s’est retrouvée avec à sa tête deux présidents. L’un, le Président Laurent
GBAGBO déclarée vainqueur de l’élection présidentielle par le Conseil Constitutionnel, et
l’autre, Monsieur Alassane OUATTARA proclamé vainqueur par la Commission Electorale
Indépendante suivant des « résultats provisoires », et reconnu par un certain nombre de pays
et les Nations Unies.
Cette situation plongea le pays dans une grave crise politique qui se terminera par plusieurs
homicides, provoquant une insécurité totale en Côte d’Ivoire.
C’est dans ce contexte que le jeudi 31 mars 2011, Michel GBAGBO, son épouse et leurs
enfants, n’eurent d’autres choix que de se mettre à l’abri, dans la résidence présidentielle,
auprès de son père et du reste de sa famille.
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IV. CAPTURE DE MICHEL GBAGBO
Le vendredi 1er avril 2011, en vue de déloger le Président Laurent GBAGBO, la résidence
présidentielle était la cible de bombardements, atteignant tout d’abord les chambres à coucher.
Le mardi 5 avril 2011, les bombardements s’intensifiant, Michel GBAGBO et sa famille se
mettront à l’abri dans une pièce du sous-sol de la résidence présidentielle, où ils dormiront à
même le sol.
Le mercredi 6 avril 2011, les commandants de zone mirent le feu aux véhicules stationnés à
l’entrée de la bibliothèque de la résidence présidentielle contiguë à l’entrée du sous-sol.
Cet incendie provoqua d’importantes fumées obligeant Michel GBAGBO et sa famille à
quitter la pièce du sous-sol, pour se mettre dans une salle dite « de contrôle » d’où il est
possible de voir à l’écran tout ce qui se passait dans la résidence présidentielles et ses
alentours.
Le jeudi 7 avril 2011, les bombardements se poursuivaient. La fumée s’étant dissipée, Michel
GBAGBO et sa famille retournèrent s’abriter dans la première pièce du sous-sol.
Le lundi 11 avril 2011 à 9 heures, les commandants de zone donnèrent l’ordre de jeter des
fumigènes dans la résidence présidentielle.
L’importante fumée dégagée par les fumigènes obligea Michel GBAGBO et sa famille à
remonter vers les pièces se trouvant au 1er étage.
Personne ne retrouvant les clés permettant d’accéder à ces pièces du 1er étage, le Président
Laurent GBAGBO demanda à son Ministre de l’Intérieur, Désiré TAGRO, de sortir avec un
mouchoir blanc en signe de reddition pour éviter des violences inutiles.
Alors qu’il tentait de sortir, Monsieur Désiré TAGRO essuya des tirs de mitraillettes
l’obligeant à revenir sur ses pas.
Parvenus à ouvrir des pièces à l’étage, tous les employés de la résidence présidentielle furent
mis à l’abri dans une pièce, les enfants de Michel GBAGBO et leurs cousins dans la salle de
gym, tandis que Michel GBAGBO et ses soeurs restaient dans une autre pièce avec leurs
parents, les ministres et quelques militaires.
Michel GBAGBO entendit alors les soldats aux ordres d’Alassane OUATTARA, rentrer dans
la résidence et tirer pendant près de 3 minutes, dans la salle de gym où se trouvaient les
enfants.
Ces soldats se mirent ensuite à frapper dans la porte où se trouvait Michel GBAGBO et sa
famille, leur intimant l’ordre de sortir.
Une fois dans la pièce, les soldats firent sortir tout le monde dans le couloir.
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C’est alors que l’un des soldats d’Alassane OUATTARA reconnut Michel GBAGBO, le
frappa et lui ordonna de lui indiquer où était son père.
Face au refus de Michel GBAGBO, le soldat le menaça avec une arme, et s’apprêtait à tirer
quand le Président Laurent GBAGBO est intervenu, empêchant ainsi l’exécution de son fils.
C’est dans ces conditions que les commandants de zone et leurs hommes prirent le couple
présidentiel.
Cependant, les soldats d’Alassane OUATTARA et de Guillaume SORO continuèrent de
frapper Michel GBAGBO lui demandant ainsi qu’à toute sa famille, et ceci sous la menace de
leur mitraillette, de leur remettre tous leurs effets personnels.
Il fut, par la suite, ordonné à Michel GBAGBO et à sa famille de sortir de la résidence
présidentielle.
Dehors, les attendait une haie composée des hommes des commandants de zones d’une part et
d’autre part, de soldats français de la Force Licorne.
Tout le long de cette haie, Michel GBAGBO et sa famille subirent des violences physiques de
la part des commandants de zone et de leurs hommes, sous les regards des soldats de la Force
Licorne riant et les prenant en photo.
Puis il fut imposé à Michel GBAGBO et à sa famille de s’asseoir à même le sol pendant que
les soldats des commandants de zone discutaient en langue locale « malinké » de ce qu’ils
allaient faire par la suite d’eux.
L’un des proches du Président Laurent GBAGBO, qui comprenait la langue malinké, entendit
distinctement les hommes d’Alassane OUATTARA envisager de les transporter dans un lieu
où ils pourraient leur faire subir les pires sévices avant de les exécuter.
Ce dernier a traduit en français ce projet funeste et a demandé aux soldats français de ne pas
les laisser faire.
Après environ 30 minutes de négociations entre les soldats français et les soldats des
commandants de zone, il fut décidé d’envoyer Michel GBAGBO et toute sa famille à l’Hôtel
du GOLF, quartier général d’Alassane OUATTARA.
C’est dans ces conditions que Michel GBAGBO a été transféré à l’Hôtel du Golf, où il a été
de nouveau frappé et blessé à coups de couteau devant des télévisions étrangères.
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Photos de Michel GBAGBO à l’Hôtel du Golf
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V. DETENTION ARBITRAIRE ET SEQUESTRATION DE MICHEL
GBAGBO
Bien qu’il ne lui ait été notifié aucun mandat d’arrêt ni d’acte d’assignation à résidence,
Michel GBAGBO sera détenu sans raison pendant des jours à l’Hôtel du Golf avant d’être
transféré dans un camp à BOUNA, dans le Nord de la Côte d’Ivoire où il est actuellement
détenu et où il continue de subir des sévices et humiliations.
En effet, dès le 11 avril 2011, Michel GBAGBO a été enlevé, séquestré puis détenu alors
qu’il se trouvait dans la résidence présidentielle avec sa famille.
Guillaume SORO et les commandants de zone pas plus que Monsieur Alassane OUATTARA
ne justifient d’aucun mandat d’arrêt ou d’ordre des autorités légales pouvant éventuellement
justifier un tel enlèvement.
Il sera d’ailleurs par la suite affirmé par les autorités, que Michel GBAGBO ne faisait l’objet
d’aucune poursuite, au moment de son enlèvement.
Il est cependant fait état d’un décret pris par Monsieur Alassane OUATTARA assignant à
résidence le Président Laurent GBAGBO, son épouse, son fils Michel GBAGBO et plusieurs
de ses collaborateurs.
Il apparaît toutefois, après vérification, que ce décret n’a jamais existé et, en tout état de
cause, n’a jamais été publié au journal officiel de la République de Côte d’Ivoire, ni notifié
aux différentes parties concernées, et ceci en violation de l’article 12 de la Loi ivoirienne
n°63-4 du 17 janvier 1963 et de l’article 25 et suivant du Décret d’application n°63-48 du
9 février 1963.
L’absence de notification à Michel GBAGBO de cette prétendue mesure d’assignation à
résidence démontre, si besoin, était le caractère illégal de sa détention qui est en réalité une
séquestration, faits contraires tant aux normes internationales qu’aux dispositions du Code
Pénal ivoirien et des dispositions légales françaises.
Il convient en effet de constater que :
§ Messieurs Alassane OUATTARA et Guillaume SORO, et les commandants de zone
précités demeurent dans l’impossibilité de présenter ledit décret ;
§ Michel GBAGBO, au demeurant, ne se trouve, pas dans une maison d’arrêt ou dans
une prison sous le contrôle des autorités judiciaires, mais dans un camp à BOUNA,
ville située au Nord-Est de la Côte d’Ivoire, à 603 kilomètres d’Abidjan, sous
l’autorité des commandants de zone ;
§ Les conditions de détention de Michel GAGBO sont très sommaires et susceptibles de
nuire à sa santé et à sa vie. Les quelques rares personnes qui ont pu le voir faisant état
d’endroit dépourvu d’hygiène et de sécurité, car infesté de serpents, et de moustiques
etc.
Des organisations telles que Amnesty International ont d’ailleurs estimé que la détention
prolongée, sans inculpation ni procès, des personnes qui sont encore détenues car partisans
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avérés ou supposés au Président Laurent GBAGBO ne respecte pas les normes internationales
d’équité, consacrées dans plusieurs instruments de droits humains, adoptés par les Nations
Unies et l’Union Africaine, et auxquels la Côte d’Ivoire est partie3.
L’illégalité de cette situation contraindra les autorités ivoiriennes à procéder, plusieurs mois
après son enlèvement et sa séquestration, à l’inculpation de Michel GBAGBO en août 2011,
et ceci sous des chefs d’accusation fallacieux et fantaisistes.
En effet, il convient de noter que tous les proches du Président Laurent GBAGBO feront
l’objet d’une inculpation sous des chefs d’accusation strictement les mêmes:
§ Atteinte à la défense nationale ;
§ Attentat contre l’autorité de l’Etat ;
§ Constitution et participation à une bande armée ;
§ Participation à un mouvement insurrectionnel ;
§ Atteinte à l’ordre public ;
§ Coalition de fonctionnaires ;
§ Rébellion ;
§ Usurpation de fonction ;
§ Tribalisme ;
§ Xénophobie ;
§ Complicité desdites infractions.
En effet, la détention arbitraire de Michel GBAGBO, et ceci bien avant son inculpation,
n’était en réalité justifiée que par le fait qu’il soit le fils de son père, le Président Laurent
GBAGBO.
D’ailleurs, sur l’une des vidéos filmées par les forces pro-OUATTARA, on peut entendre l’un
des hommes aux ordres des commandants de zone dire dans un français très approximatif :
« Parce que là moi, si je veux, je viens à 2 heures du matin et je vous arrose
(mitraille). Et puis ça ne va rien aboutir. Ou bien ? Mais j’ai le souhait de protecter
(sic), le souhait de solidarité, et tout et tout.
.... Le fils de GBAGBO, vient ici. Donc GBAGBO t’as mis au monde en quelle année ?
… Abaisse-toi quand tu parles avec moi. GBAGBO t’as mis au monde en quelle
année ?
… Ta maman, elle est française ou bien elle est quoi camerounaise ?
… Ta maman, elle est française. Bon, ça fait pitié.
Toi, t’as fait quelque. Dis-moi, t’es innocent, non ? T’es innocent ? C’est à cause de
ton père, c’est à cause du comportement de ton père ».
Ce geôlier vient ainsi clairement de dire qu’il n’est rien reproché à Michel GBAGBO, mais
qu’il est là où il est, et subit ce qu’il subit, uniquement parce qu’il est le fils de son père.
3 Rapport d’Amnesty International de Juin 2011, page 7.
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Cela é été confirmé par les propos tenus le 29 juin 2011, par Jeannot Kouadio AHOUSSOU,
Ministre de la Justice d’Alassane OUATTARA, qui a fait les déclarations suivantes en
répondant aux questions des journalistes :
« Journaliste n°1 : Monsieur le Ministre, peut-être qu’on n’a pas été suffisamment clairs.
Michel GBAGBO a été pris dans le bunker en même temps que les 70 personnes qui ont été
libérées au Golf [Hôtel ivoirien qui servait de Quartier Général à Monsieur Alassane
OUATTARA]. Pourquoi est-ce que lui, on l’a pas libéré avec les 70 autres ? C’est ce que
nous voulons savoir.
Ministre de la Justice : Il n’a pas été libéré avec les 70 autres parce qu’il était avec son père.
Journaliste n°2 : Mais c’est la place d’un enfant à côté de son père.
Ministre de la Justice : Non, mais c’est un majeur.
Journaliste n°2 : Oui, mais il peut aller rendre visite à son père.
Ministre de la Justice : Oui, mais … Il est en résidence surveillée. Je peux vous le dire. Des
enquêtes continuent. Il a été déjà auditionné en enquête préliminaire. Il y a des indices
suffisants, le Juge d’Instruction tient compte des indices suffisants suite à l’enquête
préliminaire menée par le Procureur à BOUNA ».4.
Sur ces déclarations, il convient de préciser que :
§ Michel GBAGBO et ses proches, n’étaient pas au moment de sa capture dans un
prétendu bunker mais dans une des pièces de la résidence présidentielle. Etant observé
qu’il n’y a pas de bunker dans la résidence présidentielle ;
§ A la date où le Ministre de la Justice de Monsieur Alassane OUATTARA fait cette
déclaration, Michel GBAGBO n’avait pas encore été inculpé, dans la mesure où son
inculpation n’interviendra que 2 mois après cette interview, soit au mois d’août 2011.
Mais il convient surtout de relever que le Ministre de la Justice de Monsieur OUATTARA
affirme que Michel GBAGBO est détenu « parce qu’il était avec son père » !
Outre le fait que Michel GBAGBO ne s’est jamais vu notifié de mesure l’assignant à
résidence, le caractère politique et illégal de cette détention est, du propre aveu du Ministre de
la Justice, motivée que par le fait que Michel GBAGBO soit resté auprès de son père.
Or, dans aucune législation au monde, le fait de trouver refuge auprès de son père ne peut
constituer un crime ou un délit justifiant une détention manifestement arbitraire.
Cette situation parfaitement illégale à d’ailleurs été dénoncée par des organisations
internationales telles qu’AMNESTY INTERNATIONAL qui dans une déclaration du 23 juin
2011 a indiqué que :
4 Emission de Monsieur Thomas BAHINTCHI du 29 juin 2011 sur la Chaîne TCI, où Monsieur Jeannot
Kouadio AHOUSSOU était l’invité.
13
« Les autorités ivoiriennes ont placé en détention au moins 50 personnes – dont
plusieurs politiciens ivoiriens en vue – sans les avoir inculpées, à la suite de
l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo il y a deux mois.
Le maintien de personnes en détention sans inculpation est une violation directe des
normes internationales en matière de droits humains. Les autorités ivoiriennes doivent
inculper dans les meilleurs délais l’ensemble des détenus d’une infraction prévue par
la loi ou bien les libérer immédiatement.
(…) Amnesty International est préoccupée à l'idée que plusieurs personnes
incarcérées à l'hôtel Pergola et peut-être dans d'autres endroits soient privées de
liberté simplement en raison de leurs opinions politiques, réelles ou perçues, auquel
cas elle les considèrerait comme des prisonniers d'opinion »5.
Après avoir orchestré le subterfuge de camoufler la détention arbitraire de Michel GBAGBO
sous un cadre légal, les autorités ivoiriennes laisseront la santé de Michel GBAGBO se
dégrader dans les oubliettes de BOUNA.
Michel GBAGBO verra ainsi sa santé se dégrader de jour en jour dans son lieu de détention,
parce que régulièrement piqué par des scorpions et des moustiques et confronté à
d’importants problèmes d’insalubrité et d’inconfort.
Extrêmement inquiète pour la vie de son fils, Madame Jacqueline CHAMOIS ne cessera de
prendre attache avec les autorités françaises, et notamment le Ministère des Affaires
Etrangères pour dénoncer les conditions de détention de son fils.
Madame Jacqueline CHAMOIS écrira ainsi à maintes reprises à Monsieur Alain JUPPE, alors
Ministre des Affaires Etrangères pour dénoncer outre le caractère illégal de la détention de
son fils d’avril à aout 2011, mais aussi les graves problèmes de santés que rencontre son fils.
Dans un courrier en date du 23 décembre 2011, le Ministère des Affaires Etrangères lui
répondra alors que :
« Une visite consulaire lui a été rendue le 19 septembre dernier par un
agent du consulat général de France afin de s’assurer de ses conditions
de détention. Elles sont apparues conformes aux normes locales et son
état de santé est satisfaisant ».
Pourtant, à peine un mois plus tard, l’état de santé de Michel GBAGBO nécessitera son
hospitalisation à l’Hôpital de BOUNA puis son transfert le 7 mars 2012, à la Polyclinique
Internationale Sainte Anne Marie (PISAM) à ABIDJAN.
Les avocats de Michel GBAGBO tenteront à maintes reprises et en vain de le voir à la
PISAM car, nonobstant les autorisations de visites octroyées par le Juge d’Instruction en
charge du dossier, les FRCI ne permettront pas aux avocats de voir Michel GBAGBO,
estimant n’être absolument pas tenus par l’autorisation accordée par le Juge d’Instruction, et
n’avoir de compte à rendre qu’au Ministre de l’Intérieur, Monsieur Ahmed BAKAYOKO.
5 Déclaration d’AMNESTY INTERNATIONAL du 23 juin 2011
14
Michel GBAGBO restera cloitré dans sa chambre à la PISAM pendant près de 3 mois, en
ayant dans sa chambre des éléments FRCI, tandis que d’autres empêchaient quiconque de
rentrer dans la pièce.
Dès le lendemain d’une Conférence de presse de Madame Jacqueline CHAMOIS, le 31 mai
2012, au cours de laquelle il fut dénoncé les violations multiples des droits de Michel
GBAGBO, les autorités ivoiriennes ont transféré ce dernier de nouveau à BOUNA sans que
ses avocats n’en soient avertis, prétextant d’un interrogatoire avec le Juge d’Instruction.
15
CONCLUSION
On peut retenir que depuis sa capture le 11 avril 2011, Michel GBAGBO a vu ses droits les
plus élémentaires régulièrement bafoués.
Il fut molesté et détenu arbitrairement à l’Hôtel du Golf, avant d’être illégalement transféré à
BOUNA où il y sera séquestré jusqu’à ce qu’intervienne son inculpation au mois d’août
2011.
Dès lors, et bien qu’aucune charge ne puisse réellement être retenue à son encontre, Michel
GBAGBO fait l’objet d’une mesure de détention préventive, et ceci sous la surveillance des
mêmes personnes qui l’avait illégalement détenu et filmé dans des circonstances inhumaines
et humiliantes.
Depuis le 11 avril 2011, Michel GBAGBO a vu sa santé se dégrader ce qui a eu pour
conséquence des séjours à l’Hôpital.
Cependant, les avocats n’ont jamais été autorisés à rendre visite à Michel GBAGBO lors de
chaque hospitalisation.
Ainsi, les droits de Michel GBAGBO ont toujours été régulièrement bafoués par les autorités
ivoiriennes ce qui permet d’émettre de grandes réserves quant à l’assurance d’un procès
équitable et au respect des droits de la défense.
Dès lors, la détention de Michel GBAGBO réunit en fait tous les critères d’une prise
d’otage ou d’un emprisonnement politique.
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Ceci est un fascicule à l’attention de tous afin de mieux comprendre le contexte dans lequel
est survenue la détention de Michel GBAGBO.
Ce franco-ivoirien est depuis le 11 avril 2011 détenu par les autorités ivoiriennes qui lui
reprochent, en fait, d’être le fils de son père.
Il sera détenu, en toute illégalité, pendant des mois.
Ne sachant comment gérer la pression internationale et confronté par ailleurs à la saisine de la
Cour de Justice de la CEDEAO, le régime OUATTARA finira par l’inculper en août 2011.
Cette inculpation, dont le seul objectif est d’offrir un cadre légal à cette détention arbitraire,
n’effacera pas pour autant les crimes dont fut victime Michel GBAGBO.
Le prisonnier politique Michel GBAGBO, victime de crimes de guerre perpétrés par le régime
OUATTARA, demeure à ce jour captif dans la ville de BOUNA au Nord-Est de la Côte
d’Ivoire.

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